Les créateurs de mode de prêt-à-porter sont plus nombreux et populaires. Comme l’été est à notre porte, Baron a décidé de se pencher sur les créateurs de maillots. Pour nous parler de cette industrie peu connue, nous avons posé quelques questions à deux jeunes créatrices québécoises.
Goldenfish
D’un côté nous avons Cynthia D’Amours et son entreprise GoldenFish, qui a présenté en 2011 sa première collection: « Je suis une grande voyageuse et j’ai toujours eu de la difficulté à me trouver de beaux maillots. Lorsque je suis partie pour l’Australie, j’ai été très surprise du grand choix qu’ils avaient, comparativement à nous. Alors, je me suis beaucoup inspirée sur les plages, là-bas.».
De l’autre, Julie M. Dumais et son entreprise June Design qui a été créée en 2009 : « Avant même de penser à lancer ma ligne de maillots, la première machine que j’ai achetée, je l’ai prise en fonction de sa capacité à coudre le tissu de maillots de bain. Il n’y avait donc aucun doute dans mon esprit, quand j’ai décidé de me lancer dans le monde de la mode.».
Quelles sont les grosses différences de production et de création par rapport à la confection du prêt-à-porter?
Cynthia: Tout est dans la qualité. Si vous trouvez une pièce qui a été fabriquée à la main par un designer, il est évident qu’elle sera beaucoup plus coûteuse que le vêtement qui est importé de Chine. Nous n’avons pas non plus la même machinerie ni l’équipement ici qu’en Asie. Alors lorsque nous voulons créer, nous devons tout faire de A à Z.
Julie: Je n’ai jamais travaillé dans le domaine du prêt-à-porter. J’ai commencé directement dans le maillot de bain. Mais je dirais que les étapes de production et de création sont les mêmes. Il faut présenter les collections en même temps que celles du prêt-à-porter. La différence se situe plutôt au niveau de la machinerie nécessaire à la production et à une bonne connaissance des matières premières reliées aux maillots de bain.
June Design
Comment se déroule le marché du maillot au Québec compte tenu du changement climatique régulier? Est-il inévitable de devoir distribuer à l’extérieur, exporter vos produits dans le sud?
Cynthia: Pour moi, le meilleur marché à développer est celui du sud, puisqu’ils ont la chaleur douze mois par année, alors les gens achètent à l’année longue, sans oublier qu’il y a beaucoup de touristes, en plus des résidents. Par contre, il ne faut pas oublier que les Québécois voyagent de plus en plus et qu’ils font beaucoup de sports aquatiques. Nous avons seulement quatre mois par année où il fait chaud, alors nous avons tendance à vouloir passer le plus de temps possible sur le bord de l’eau et dans nos lacs.
Julie: Évidemment, il y a des périodes de ventes plus importantes que d’autres, notamment entre les mois d’avril et d’août. Mais puisque les gens voyagent à l’année longue et ont donc besoin de maillots peu importe la saison en cours au Québec, la période de ventes s’étale donc sur toute l’année. Je ne crois pas qu’il soit inévitable de devoir être distribué à l’extérieur pour qu’une compagnie québécoise de maillots soit rentable. On trouve quelques exemples d’entreprises québécoises de maillots implantées seulement au Québec. Pour ma part par contre, j’aimerais éventuellement que mes maillots soient distribués à l’extérieur du Québec.
Goldenfish
Est-ce que les québécoises sont de bonne acheteuses de maillot “made in Québec” ?
Cynthia: Le marché québécois est de plus en plus recherché par nos acheteurs. Les gens ont compris que nous avons beaucoup de créateurs géniaux dans notre province et ils veulent de plus en plus encourager les gens d’ici.
Julie: Depuis quelques années, on peut remarquer que les gens sont plus sensibles à acheter des produits faits au Québec. Cet engagement envers l’économie locale touche plusieurs secteurs, entre autres, le domaine du textile. Alors oui, je crois que les québécoises sont de bonnes acheteuses de maillot « made in Québec ».
Quelle est la plus grosse problématique pour les créateurs de maillots au Québec?
Cynthia: Trouver des tissus de qualité, des accessoires originaux qui vont à l’eau, le manque de manufactures et la recherche de boutiques pour vendre des maillots de bains.
Julie: Une problématique importante est l’approvisionnement en matières premières. Étant donné que le nombre de compagnies qui œuvrent dans le domaine du maillot n’est pas élevé, l’offre de matières premières est plus limitée que dans le domaine du prêt-à-porter. Pour la même raison, les usines spécialisées en confection de maillots sont également moins nombreuses. Finalement, comme dans plusieurs secteurs de l’économie, l’industrie n’échappe pas à la concurrence des maillots produits à moindre coût ailleurs dans le monde.
June Design
Qu’est-ce qui s’en vient pour vous prochainement?
Cynthia: J’aimerais pouvoir développer plusieurs lignes de maillots dans ma compagnie : les maillots haut de gammes, les maillots sport, une ligne de maillots pour le surf et à court terme, ma ligne pour hommes. Sinon, j’aimerais compléter GoldenFish avec des accessoires de plage comme des lunettes de soleil, vêtements de plages, sandales etc.
Julie: Je suis présentement en train de préparer la collection printemps/été 2012. On travaille toujours 1 an à l’avance. Également, pour la prochaine année, je vais me concentrer sur le développement de mes points de ventes à Montréal et en région, ainsi que sur la possibilité d’exporter. Finalement, l’année passée, j’ai pris part au Fashion Jam, le plus gros défilé de mode urbaine au Canada, et ce fut une super belle expérience! Alors j’aimerais participer à nouveau à des événements d’envergure comme celui-là. Voilà les projets sur lesquels je me concentrerai au cours des prochains mois, en espérant qu’il y ait un voyage également au travers de tout ça!
junedesign.ca