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Bande à part : Un dinosaure d’État?

Bande à part : Un dinosaure d’État?

« 20 millions de dollars en 10 ans… à peu près. », voici le chiffre informel que Louis-Richard Tremblay, ancien chef des émissions Bande à part (BAP) & Espace musique, m’annonce à la fin de notre réunion de partenariat éditorial Baron-BAP. Le courriel envoyé à l’ombudsman de Radio-Canada un mois auparavant, pour connaître le budget annuel, était arrivé à bon port.

— Et pour le nombre d’écouteurs? « Nous ne connaissons pas les chiffres exacts, car ils sont intégrés dans le portail de Radio-Canada. » La question des coûts et des cotes d’écoute est un tabou dans les 5 à 7 de la scène culturelle québécoise et pourtant, même l’efficacité de BAP est souvent mise en question entre deux bières. Avec un budget de 2 millions de dollars par année, BAP est-elle vraiment efficace pour faire découvrir les artistes émergents québécois au commun des mortels?

En dehors du cercle culturel (compagnies de disques, journalistes, programmateurs de spectacles et autres) BAP est presque inexistante dans la conscience des amateurs de musique émergente. Si nous comparons l’impact de visibilité dans le branding pour des radios comme CISM, CYZH ou CFOU, nous pouvons facilement constater que BAP est souvent absente des événements (GAMIQ, D-TOX Rockfest à Montebello, Festival Métal de Trois-Rivières et autres); peut-être pas comme média, mais du moins comme commanditaire médiatique. Les radios étudiantes avec un budget modeste ont un impact à longueur d’année, avec une présence accrue dans le créneau, que BAP est sensé offrir. Si l’un des mandats de BAP est de faire connaître la musique émergente et ses activités reliées au Québec, qu’est-ce qui justifie cette absence? Est-ce que c’est à cause du syndicat? D’une politique interne? Ou simplement d’une vision démodée et conformiste, qui consiste à être toujours dans les mêmes événements, année après année?

Les radios étudiantes fonctionnent avec un budget maigrichon (mélange de publicité et contributions étudiantes) et avec des centaines de bénévoles produisant des émissions de qualité. Le cœur à l’ouvrage, les bénévoles se donnent aussi comme mission d’être présents au maximum d’événements et de promouvoir leur radio. Avec la crise économique que nous traversons, ne serait-il pas mieux de couper le budget de BAP et de faire travailler ses employés, comme le font les radios étudiantes, en mettant en place un programme de vente publicitaire, une portion de bénévoles, ainsi que de déménager dans des locaux plus propices à l’interaction avec la clientèle desservie? Cette initiative donnerait une chance à tous d’être égal devant l’auditoire, les contribuables qui paient pour BAP, vous. Personnellement, je veux des résultats. J’irais même à partager l’enveloppe budgétaire avec les radios étudiantes.

Je ne suis pas pour élimination de BAP, car l’institution du média d’État est importante pour sauvegarder la diversité de la culture canadienne. Les médias privés risqueraient de nous plonger dans un buffet d’émissions américaines mal traduites. Mais il vaudrait peut-être mieux la transformer en un média plus terre-à-terre et non caché dans la tour de Radio-Canada.

Croyez-vous que BAP a besoin d’être transformée? [email protected]

Note: Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne sont pas nécessairement celles de Baron.

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