Le succès inattendu de certains artistes provoque souvent des réactions de toute sorte. C’est un peu le cas de Nico dans le domaine de la photo de mode. « C’est trop festif », lui disait-on au début. Pourtant, c’est ce qui l’a différencié des autres. La mode est un domaine reconnu pour que tous les détails soient calculés. « J’aime l’imperfection. Je trouve qu’il y a une certaine mise en scène dans ce qui est naturel ». Un photographe de mode, un artiste ou un imposteur?
Quel est ton parcours?
Je suis arrivé au Québec lorsque j’avais 15 ans. Je viens de Roumanie. J’ai commencé un baccalauréat en architecture, mais je me suis fait mettre dehors à la deuxième année. Le directeur m’a dit que si j’étais en train de faire une maîtrise, j’aurais eu A+. J’étais plus porté à questionner qu’à faire de la technique. Ensuite, j’avais un ami qui faisait de la photo et j’ai décidé d’apprendre par moi-même.
Comment as-tu réussi à te démarquer?
J’ai juste beaucoup «shooter». J’en ai fait le plus possible. Des fois, je recevais des insultes, d’autres fois, on appréciait beaucoup mon travail. J’ai réussi à vendre une photo un jour et ça m’a permis de louer un local. Avec un ami, nous avons aménagé l’espace et créé un site web. On faisait presque trois sessions de photos par jour. On faisait un peu n’importe quoi, c’était un peu le party. Il y a une agence de modèles qui voulait que je travaille pour eux, mais je devais apprendre à me détacher de l’univers festif. Quelques mois plus tard, j’ai été approché par l’agence Sid Lee qui s’occupe de Adidas et qui cherchait cette ambiance que d’autres me reprochaient.
Qu’est-ce que ça te fait lorsqu’on te dit que ton travail a l’air trop « trash » ?
Je n’aime pas parler de ça. On parle de courant qui est « trash », mais je n’emploierai pas ce terme. Je crois qu’on s’attarde trop à certaines imperfections dans la photo qui ne sont pas nécessairement importantes pour moi.
Par rapport à ton domaine, qu’est-ce que ton pays natal t’évoque?
Mes parents ont décidé de venir au Québec pour des raisons politiques. C’était un pays communiste où il n’y avait pas trop de liberté d’expression. C’est drôle parce que malgré ça, ils développent certains moyens pour s’exprimer qui deviennent absurdes et subtils, que ce soit par la musique ou la poésie, etc. Si des personnes envoyaient des messages trop clairs contre un système ou pour un autre système, à ce que j’en ai entendu parler, ils se faisaient emprisonner. Mais les gens veulent toujours s’exprimer, donc ils trouvent toujours différentes manières de le faire.