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La créatique

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Après déjà quelques chroniques à s’interroger sur différents sujets qui touchent le monde du design et de la création, on réalise que le titre même de la chronique mériterait bien une petite présentation. Alors pourquoi parle-t-on de créatique?

Si au départ le terme réfère à la théorie de Michel Demarest  et Marc Druel, élaborée au début des années 70 et portant le sous-titre de « psychopédagogie de l’invention », aujourd’hui, on se réfère davantage à la créatique comme étant l’ensemble des techniques de stimulation de la créativité. Et c’est là ce qui nous intéresse : qu’est-ce qui fait en sorte qu’on est créatif et novateur?

À l’ère où qui le veut bien peut se décrire comme créatif et qu’on ne compte plus les entreprises disant mettre l’innovation et la créativité au cœur de leur vision d’affaires, on peut s’interroger sur qui y parvient réellement et comment ceux-ci s’y prennent-ils? Si bien des entreprises, même celles se disant créatives, ont une méthodologie de travail et de contrôle qualité bien souvent rigoureusement établie, peut-on en dire autant des mécanismes qu’elles mettent en place pour rendre leurs employés plus créatifs et novateurs? Sommes-nous prêts à parler de méthodologie de la créativité ou de l’innovation?

Pour leur part, dans leur description de la créatique, Demarest et Druel parlent de ‘culture de l’inventivité’ et même d’un ‘art d’inventer’. Lorsqu’on parle ainsi de culture, le sujet est étroitement lié à la question de l’éducation. Pour avoir des créateurs et des entreprises novatrices, il faut avant tout des gens dont la culture et l’éducation personnelles laissent une grande place à la créativité et que cette même créativité soit d’autant plus encouragée et célébrée au sein de la société. Loin d’être évident, si l’on considère que le système d’éducation dans lequel on évolue favorise bien souvent l’apprentissage de connaissances au profit du développement d’aptitudes créatives. Alors, comment former les créateurs de demain? Une autre piste d’exploration se trouve dans les études, la formation et les différents apprentissages qu’ont acquis les créatifs de ce monde, mais aussi dans le background social d’où proviennent ces derniers. L’idée étant de voir comment fait-on rimer pédagogie avec imagination, curiosité, exploration pour en arriver à véritablement parler d’une culture de l’inventivité.

La créatique se veut donc être une sorte de grammaire de l’innovation, dans laquelle on a envie de fouiller et d’explorer les éléments qui la composent, mais surtout de constater comment s’opèrent les liens entre ces derniers. Parce qu’après tout, une grammaire, c’est aussi une structure et un mode de fonctionnement qui permettent ultimement de créer des phrases, ou bien d’autres choses, qui ont du sens à l’intérieur d’un système compris par un ensemble de personnes. La chronique vise donc à poser un regard curieux sur la créatique et mettre en lumière la vaste étendue des différentes approches applicables à la stimulation de la créativité.

Creativity is not a talent, it’s a way of operating.
– John Cleese

Référence : ‘La créatique : mot nouveau ou discipline nouvelle’ par Louis Quesneldans Communication et langages, No. 7, 1970.

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