x Le Mondial de la Bière du 20 au 22 juin à Montréal
Dans la région du Trentin-Haut-Adige, une révolution tranquille du houblon sous les Dolomites
Il y a quelque chose d’un peu complice, presque secret, dans le fait de découvrir de la bière artisanale au cœur d’un territoire viticole. Dans le Trentin-Haut-Adige, où le Gewürztraminer et le Pinot Grigio dominent depuis longtemps les conversations œnologiques, une révolution silencieuse est en train de fermenter à l’ombre des Dolomites. C’est la région la plus germanique d’Italie, où les traditions autrichiennes persistent dans l’architecture comme dans les appellations, et où la culture de la bière est bien plus enracinée qu’on ne le pense.
Il suffit de traverser les vallées autour de Merano, par un matin d’octobre frais et lumineux, pour sentir flotter dans l’air les effluves de malt et de houblon s’échappant de brasseries centenaires. La brume descend des sommets enneigés jusque dans les cours pavées, où le rythme familier du brassage se perpétue comme à l’époque des Habsbourg. Pourtant, quelque chose de nouveau est en train de naître dans ces vallées alpines : un mouvement qui respecte les traditions brassicoles germaniques tout en y insufflant une innovation résolument italienne.
🍺 L’héritage des anciens
L’histoire commence en 1857 avec la brasserie Forst, fondée par deux entrepreneurs de Merano. Aujourd’hui encore, Forst est la seule brasserie italienne privée de cette envergure. Derrière ses hauts murs, à Lagundo, en périphérie de l’élégante ville thermale de Merano, Forst incarne bien plus qu’un site de production : c’est un symbole de persistance culturelle. Produite avec des ingrédients naturels et de l’eau de source locale, sa bière dépasse les frontières du Haut-Adige, tout en restant profondément ancrée dans son terroir alpin.
Lorsque l’on descend dans les caves souterraines de Forst—deux étages sous terre—on ressent dans l’air frais le poids de l’histoire. Les visites guidées révèlent bien plus que la mécanique de la fermentation : elles témoignent de cet équilibre entre tradition et modernité qui définit toute la région. En centre-ville, le restaurant-brasserie de Forst joue les médiateurs culturels, proposant une cuisine sud-tyrolienne raffinée, à côté de plats plus méditerranéens, adaptés aux goûts des visiteurs venus du sud.
🌱 La nouvelle fermentation
Mais la domination de Forst ne représente qu’un pan de l’histoire. Partout dans la région, une nouvelle génération de brasseurs écrit un chapitre radicalement différent. Du côté du Trentin, on trouve aujourd’hui des microbrasseries comme 5+, Teddy Bier, BirraFon, Klanbarrique, Maso Alto, Nerobrigante, Rethia, Birra di Fiemme ou encore Libertina—des noms à mi-chemin entre dialectes locaux et culture internationale du craft.
Le cœur de ce mouvement se trouve étonnamment dans le Trentin italophone, et non dans le nord germanophone. C’est là que la Passion Italian Craft Brewery s’est imposée comme un porte-étendard. Ses brasseurs, formés aux techniques allemandes classiques, expérimentent aujourd’hui avec des ingrédients qui feraient sourciller les maîtres brasseurs bavarois : châtaignes locales, herbes alpines, voire raisins issus de vignobles voisins.
Comme le résume un observateur du secteur : « Avec une eau pure et une culture artisanale profondément ancrée, le Trentin est appelé à voir naître encore de nombreuses brasseries dans les années à venir. » Rien d’étonnant quand on connaît les atouts naturels de la région : eaux alpines immaculées, amour du travail bien fait, et un tourisme en quête de nouvelles expériences authentiques.
🎉 La saison des festivals
C’est lors des festivals que cette transformation se fait le plus visible. Le Cerevisia Craft Beers Festival, organisé chaque année en mai près de Trente, attire les amateurs de bière dans des paysages habituellement associés aux dégustations de vin. Le tourisme brassicole permet aujourd’hui de découvrir des bières artisanales au cœur des Dolomites, de la Val di Fiemme à San Martino di Castrozza, en passant par la Val di Fassa—des itinéraires encore inimaginables il y a encore une génération.
Ces festivals révèlent une vérité profonde sur la culture brassicole locale : elle est foncièrement sociale. Ici, on ne boit pas pour boire, mais pour converser, partager, s’arrêter. Les biergarten évoluent avec les saisons : à Noël, ils deviennent des villages de chalets en bois, où les familles se retrouvent autour de grandes tables, de mugs fumants et de plats alpins généreux.
🧭 Une question d’identité
Ce qui émerge de la scène brassicole du Trentin-Haut-Adige ne se résume ni à de la bière artisanale « à l’italienne », ni à une tradition germanique transplantée. C’est quelque chose de plus subtil : une culture du brassage qui reflète l’identité complexe de cette région frontalière. Ici, les brasseurs naviguent entre langues, héritages et attentes, avec la même souplesse que leurs ancêtres ont utilisée pour survivre aux siècles de changements politiques.
Résultat ? Des bières qui n’existent nulle part ailleurs. Les brasseries locales se fournissent dans des vallées où les vignobles côtoient les houblonnières, où la précision germanique rencontre la créativité italienne. Elles créent de nouveaux profils de goût, capables d’accompagner aussi bien un speck fumé ou un pain au levain qu’un osso buco ou une polenta crémeuse.
✨ Le secret du voyageur raffiné
Pour le voyageur averti, la scène brassicole du Trentin-Haut-Adige offre quelque chose de précieux et rare : une authenticité sans mise en scène. Ici, la bière artisanale n’est ni marketing ni provocation. Elle est expression culturelle, enracinée dans un quotidien où la bière fait partie de la vie, pas seulement des loisirs du week-end.
L’infrastructure est déjà là pour ceux qui savent la chercher : des hébergements de qualité qui prennent la bière aussi au sérieux que le vin; des restaurants qui élaborent des cartes de bières avec le même soin qu’un sommelier le ferait pour les millésimes; et des brasseurs souvent polyglottes, passionnés, qui deviennent de véritables ambassadeurs culturels.
Dans un monde où la bière artisanale cherche trop souvent à étonner, le Trentin-Haut-Adige offre quelque chose de plus durable : une bière qui raconte un territoire, une tradition, et les manières silencieuses dont les cultures s’adaptent et perdurent.
C’est une scène à découvrir avant que le reste du monde ne s’y précipite—car vu la qualité qui sort de ces vallées alpines, cette découverte ne saurait tarder.
3 jours à la Gare Windsor de Montréal et cour Rio Tinto Zone intérieure et extérieure. Billetterie ici.
Du 20 au 22 juin 2025 à la Gare Windsor de Montréal et cour Rio Tinto
31e édition du Mondial de la bière
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