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Santoline : Magnifier la porcelaine

Santoline : Magnifier la porcelaine

Parallèlement à sa carrière de technicienne en muséologie, Karine Comptier a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat et plus précisément l’artisanat de porcelaine. Depuis fin 2019, elle vend ses bijoux sous le nom de Santoline et poursuit sa croissance, avec passion, mais aussi en retenant un peu le temps.

«Ça m’a toujours attirée, fascinée, avant même de penser que je pouvais créer quelque chose avec ça», se souvient Karine Comptier lorsqu’elle évoque son enfance, entourée par des artisans. En effet, sa mère étant elle-même tisserande, Karine a beaucoup côtoyé le monde de l’artisanat et a développé un véritable «amour pour le fait main». Tout au long de sa vie, elle a été une grande consommatrice de produits artisanaux, a interrogé de nombreux entrepreneurs sur leur façon de faire et s’est même formée, petit à petit. «J’ai suivi plusieurs ateliers auprès de céramistes, parfois même avec mon fils. J’ai toujours voulu comprendre comment ça fonctionnait», poursuit-elle.

En 2018, Karine se rend compte que son métier dans les musées ne «la comble plus à 100%» et qu’elle a envie de changer d’air. «J’avais besoin de créer et j’admirais beaucoup à ce moment-là les femmes entrepreneures qui proposaient plein de nouvelles idées. Alors je me suis lancée», se rappelle l’autodidacte. Au cours de l’année, elle a pris des cours auprès de Louise Bousquet, «qui représente le Graal de la porcelaine au Québec», Michel Vialla, Richard Lambert, ancien professeur en moulage à Limoilou, ainsi qu’à l’atelier boutique Gaïa. «Je suis toujours à l’affut d’autres formations, ateliers, cours, car on n’a jamais fini d’apprendre», ajoute Karine.

Santoline : Magnifier la porcelaine
Karine Comptier. Crédit : Laura Regev Photographie.

Dès le départ de Santoline, Karine a voulu créer des bijoux, du bracelet au collier en passant par les boucles d’oreilles. «J’aime travailler le petit, le délicat, puis la porcelaine sur le corps, c’est sublime. J’avais envie de rendre la noblesse de ce matériau, donner un angle nouveau à la porcelaine et la magnifier dans un écrin de bijoux. On appelle la porcelaine l’or blanc grâce à sa blancheur et la délicatesse qu’il faut pour la travailler», élabore la créatrice.

La clientèle de Santoline, qui augmente chaque année depuis les débuts de l’entreprise, a tout d’abord été surprise par les produits de Karine. «Les gens sont d’abord intrigués. Ils se demandent si c’est de l’os, du coquillage, de la pierre polie, s’amuse-t-elle. Ensuite, ils sont fascinés et ravis de découvrir que la porcelaine peut être un bijou». Bien que fragile, la porcelaine reste un matériau assez solide pour ne pas casser à la première chute, «si celle-ci se fait sur du bois ou un tapis», prévient la créatrice. En effet, la porcelaine est la plus dure de toute la famille de céramique (faïence, gray, etc.) «Elle a une cuisson très puissante qui lui permet de devenir très dure et non poreuse puis la vitrification est très dense. On peut laver la porcelaine sous l’eau et elle est non allergène donc convient très bien à la peau», confirme-t-elle.

Santoline : Magnifier la porcelaine
Crédit : Karine Comptier.

«La technique fait partie de la démarche artistique dans la céramique»

Depuis qu’elle côtoie des artisans, Karine s’est toujours intéressée aux techniques, notamment en céramique. Aujourd’hui, elle pratique elle-même plusieurs façons de faire. «J’ai commencé par apprivoiser le moulage. Je coulais la porcelaine liquide, qu’on appelle barbotine, dans des anciens moules d’assiettes destinés à la casse», explique-t-elle. Par la suite, elle a commandé des moules en plâtre, dans lesquels elle coule sa porcelaine puis découpe les formes désirées pour «obtenir quelque chose de très lisse, épuré et précis».

Plus récemment, l’artiste a commencé à utiliser l’estampage pour sa collection inspirée par les bas-reliefs qu’on retrouve dans les anciens buildings de Montréal. «J’utilise aussi le pain de porcelaine et viens en faire des boulettes que j’écrase ensuite dans un moule préalablement sculpté. C’est une très ancienne méthode qui date au moins de la période romaine si ce n’est pas un peu avant», ajoute la passionnée en archéologie et en histoire. Pour elle, la technique fait autant partie de la signature du céramiste que le résultat, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle continue à apprendre et à apprivoiser diverses techniques.

«J’ai voulu rendre hommage à mon grand-père en intégrant du textile à mes créations», livre-t-elle. En effet, plusieurs membres de sa famille, originaire de Lyon, ont travaillé la soie et pour Karine, son grand-père reste encore aujourd’hui une grande source d’inspiration pour Santoline. «Je travaille avec une entreprise lyonnaise qui tisse sur place et sur mesure des tresses, des petits élastiques et avec qui je choisis les gammes de couleurs et de fibres», se ravit l’entrepreneure.

Santoline : Magnifier la porcelaine
Crédit : Laura Regev Photographie.

Ralentir le temps

Au départ entièrement en ligne sur le site Etsy, Santoline se retrouve aujourd’hui dans plusieurs boutiques au Québec, notamment en ligne sur The Nothern Kiln ou en personne chez Melanie X Victoria à Saint-Lambert, Melanie X Zoé à Outremont ou encore Maison Alex à Piedmond dans les Laurentides. Dernièrement, elle a aussi conclu un partenariat avec Cœur d’Artichaut avec qui elle a créé une collection spéciale. «C’est vraiment le mariage de nos deux styles», détaille-t-elle.

Prochainement, Karine aimerait dévoiler son propre site internet où elle pourra vendre ses créations et pouvoir s’implanter dans davantage de boutiques. Cependant elle se laisse du temps, un crédo qui lui tient beaucoup à cœur. «J’aime prendre mon temps et avec Santoline, je veux redonner de la valeur au temps, c’est très important pour moi», affirme-t-elle.

Technicienne en muséologie, entrepreneure et maman, Karine prend du temps pour développer son projet. «J’ai toujours été lente et je me sentais coupable de cette lenteur. Pourtant, avec la porcelaine, j’ai découvert que c’était un atout, conclut-elle. Il faut accepter la lenteur et même la provoquer, dans cette vie qui est trop rapide».

Santoline

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