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Omri: le doux mariage de la poésie et des arts visuels

Omri: le doux mariage de la poésie et des arts visuels

Charlotte Francoeur et Éloïse Lamarre nourrissaient un rêve depuis longtemps, celui d’œuvrer dans l’édition littéraire. Bien qu’elles travaillent dans d’autres domaines, toutes deux sont de grandes amoureuses de la poésie. C’est lorsque les deux amies correspondent à distance, entre Montréal et les Îles de la Madeleine, que se manifeste l’idée de concevoir un premier recueil s’articulant autour du fleuve Saint-Laurent. 

« On a fini par faire un appel de textes et d’arts visuels, car on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de gens talentueux dans notre entourage, explique Éloïse Lamarre. Au moment de le sortir, on s’est demandé qui allait chapeauter ça… et on s’est dit qu’on devrait se partir une maison d’édition! »

C’est ainsi, à l’automne 2016, que le recueil collectif Penser Fleuve voit le jour et que les Éditions Omri naissent, aussi simplement que ça. « Partir de ce rêve-là et le réaliser… c’est administratif en fait! confie Charlotte Francoeur en précisant avoir appliqué à plusieurs subventions et rempli de nombreux documents. Sinon, ça a été beaucoup de tâtonnage, d’essais et d’erreurs. »

Si l’aspect réglementaire ne semble en aucun cas freiner leur projet, les deux cofondatrices ne touchent pas encore de revenus de leur nouvelle profession d’éditrices. « Bien sûr, on aimerait vivre de ça, mais pour l’instant on réinvestit les profits dans les prochains recueils et de cette manière on peut continuer à produire, à engager des artistes de la relève pour le graphisme, relèvent-elles. C’est un rêve stimulant qui se concrétise, pas à pas. »

À présent, les deux amies s’évertuent à faire connaître leur nouveau-né. Et Omri s’est déjà forgé sa petite place au sein de la scène littéraire québécoise émergente. La maison d’édition a participé ce printemps au festival de la poésie de Montréal et a également organisé un événement performatif à l’Espace des Mêmes, entre autres. « On a aussi été nominé pour le prix du meilleur livre lors de la dernière édition d’Expozine et on va participer au festival SOIR à l’automne prochain », se félicitent-elles.

La nouvelle maison d’édition grandit et est aujourd’hui constituée d’une équipe de quatre personnes. « Il y a Maxime Daigle qui s’occupe aussi de l’événementiel et Michael Lessard, qui agit également comme conseiller juridique », indique Charlotte.

De la poésie dans les images et les textes

En avril dernier est sorti leur deuxième recueil: La cellule naïve, de l’auteure et artiste visuelle Geneviève Bilodeau Blain. Avec cette publication, Omri définit sa signature graphique. « Il y a une nomenclature sur la page de couverture, qui rappelle un peu celle de la musique. Il y a inscrit «t056» et «i027», détaillent-elles. C’est en fait le total des textes et images publiés, au fur et à mesure, et là c’est l’addition de La cellule naïve et de Penser fleuve. »

Ce lien fort entre les arts visuels et la poésie confère à Omri son identité originale et son audace. Les images ne sont pas ici des illustrations ni des prétextes pour que le lecteur fasse une pause dans sa lecture, les œuvres visuelles font pleinement partie de l’ouvrage et sont réfléchies tout autant que les mots. « Ce n’est pas pour faire beau, on veut que textes et images s’enrichissent, insiste Éloïse. C’est comme une poésie plus subtile, avec Omri on essaye de sortir du livre en tant que simple objet matériel, on veut créer un univers, rendre ça vivant. »

Pour ce deuxième recueil, l’auteure Geneviève Bilodeau Blain avait à la fois écrit et apposé ses œuvres visuelles, mais les cofondatrices ne recherchent pas uniquement ce genre de profil. « Dans le cas où quelqu’un nous soumettrait uniquement du texte, on trouverait un-e artiste afin d‘entamer une démarche entre les deux, précise Charlotte. Ça ne nous est pas encore arrivé, mais j’ai hâte de voir deux personnes travailler ensemble et me rendre compte de leurs différents niveaux de lecture. »

En fait, ce qui intéresse les Éditions Omri, c’est surtout de « repousser les limites », de se laisser guider par divers projets poétiques, aussi inusités soient-ils. La preuve, un passage de La cellule naïve est écrit en noir sur fond noir, car l’auteure et les éditrices trouvaient que cela était encore plus intéressant. « On aime se compliquer la vie! Mais mettons si ta grand-mère lit ce passage-là… elle risque d’avoir de la misère! », s’amuse Éloïse.

Mais que signifie Omri au juste? « C’est le nom d’une personne dans un film pour enfants, L’Indien dans le placard, confie Charlotte en riant. C’est l’histoire d’un petit garçon qui reçoit un placard pour son anniversaire, il y met ses jouets à l’intérieur puis le referme, mais ça rend ses jouets vivants! Il y a tout un monde qui vient à la vie… Et ce qui est drôle, c’est que quand j’étais jeune, je ressemblais vraiment au petit garçon donc c’est devenu le surnom que me donne ma famille! »

Charlotte et Éloïse ont adopté ce nom un peu par plaisanterie, mais surtout parce qu’elles y voient un je-ne-sais-quoi de poétique, de naïvement magique. À l’image du placard, elles souhaitent elles aussi que les phrases et les images de leurs recueils puissent prendre vie.

Pour faire la rencontre du troisième recueil d’Omri, il faudra patienter jusqu’à l’hiver prochain. Il s’agira d’un ouvrage mêlant les photographies et les textes de l’artiste Dominique Rivard, dont le titre demeure encore un secret.

Pour suivre les Éditions Omri: facebook 

Boutique en ligne: Penser Fleuve / La cellule naïve 

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