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L’insécurité du pigiste: discussion avec Judith Lussier

L’insécurité du pigiste: discussion avec Judith Lussier

La première année où tu te lances dans le vide pour travailler à ton compte est toujours la plus douloureuse. Elle est souvent celle qui déterminera qui tu es vraiment. L’aspect financier est la plus grosse angoisse de tous les pigistes nouveau-nés, peu importe le domaine. Souvent, tu dois avoir un job à temps partiel pour arrondir les fins de mois (ou avoir l’aide financière des parents!) afin de prendre le temps de développer ton réseau de contacts et entretenir tes clients. Bref, la première année, c’est toujours la plus dure.

«J’avais fait 6000$ par année», se souvient Judith Lussier, journaliste pigiste depuis peu, mais qui exerce la passion depuis longtemps. Vous pouvez maintenant la lire à travers les Urbania, le journal Les Affaires, Affaire + et Sélections du Readers Digest.

Quand as-tu décidé de te lancer tête première et de ne faire que de la pige?
Ça ne fait que quelques mois que je suis officiellement à la pige. Je me suis lancée il y a plusieurs années, mais j’ai eu une opportunité d’emploi. Et ça, c’est quasiment la pire chose qui me soit arrivée! J’avais un emploi d’assistante à la rédaction dans un magazine. Je n’avais pas un très gros salaire, mais j’avais un salaire régulier. Je me suis un peu endormie dans le confort de ce salaire régulier-là pendant deux ans. Bref, j’avais toujours peur de revenir à la pige, mais en même temps c’était super fort en dedans de moi, je voulais vraiment le faire. J’attendais le bon moment. J’avais peur de ne pas faire assez d’argent. La peur a pris beaucoup trop de place dans ma décision. J’ai décidé de me relancer et maintenant, je ne sais pas ce que je ferai dans deux semaines… Mais je sais que quelqu’un va m’appeler.

Donc, le plus gros problème, lorsqu’on part à son compte, est de n’être jamais certain d’avoir quelque chose de stable?
J’attendais toujours d’avoir un gig régulier. Je demandais toujours à mes clients: «Pensez-vous me demander encore beaucoup d’articles cette année?» Et, en fait, j’ai réalisé que je n’avais pas à mettre sur le dos de mes clients le fardeau de mon insécurité. Ce qui est étonnant est que je gagne beaucoup mieux ma vie en tant que pigiste que j’ai pu la gagner en tant que salariée.

Quelle est ton initiation en tant que journaliste?
L’expérience. Je n’ai pas fait de BACC en journalisme. J’ai fait un BACC en communication, science politique. Pendant mes études, j’ai travaillé pour des journaux étudiants, et à chaque fois qu’il y avait un journal amateur, j’y faisais du bénévolat. J’ai commencé en magazine avec Urbania. J’écris encore pour celui-ci, même si ce n’est pas payant. Par contre, en bout de ligne, ça finit par être payant, parce que c’est une écriture magazine qu’on ne retrouve pas ailleurs au Québec.

Les conseils de Judith Lussier
– Une des premières choses que j’ai apprises à faire était de prendre sa douche le matin et de s’habiller. Tu sais, ça peut paraître l’idéal pigiste de travailler en pyjama, de la maison, mais c’est plus difficile de prendre le travail au sérieux et tu n’arrives à rien.

– Il faut prendre des vacances. C’est très facile de travailler les soirs et fins de semaine. Il y a des pigistes qui arrivent à faire la transition, mais c’est peut-être parce que leur espace maison et bureau est mieux séparé que chez moi.

– Il y a quelqu’un qui a dit: «On est toujours l’équivalent de sa dernière pige.» Ceci veut dire que si ta dernière pige était de la merde et que tu n’as pas une expérience solide de relation avec cette publication, il risque de ne pas te rappeler.

Judith Lussier

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