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Audrey Normandeau, fondatrice de Pied-de-Poule

Audrey Normandeau, fondatrice de Pied-de-Poule

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

Je m’appelle Audrey Normandeau et je suis la fondatrice de Pied-de-Poule. Mon parcours est plutôt atypique, mais c’est une histoire que l’on entend plutôt souvent dans le domaine des arts. J’ai fait des études universitaires (en anthropologie) et, après un court passage dans le monde du travail salarié, j’ai réalisé que ce n’était pas fait pour moi. J’avais besoin de vivre mes propres projets, de me sentir passionnée par mon travail et surtout de vivre en total accord avec mes valeurs. La couture est une passion qui fut éveillée tôt dans mon enfance grâce à ma mère, et j’ai réalisé à ce moment que c’est ce que je voulais faire. J’ai beaucoup appris de façon autodidacte, mais j’ai également suivi beaucoup de formations pour parfaire mes connaissances en couture et développer des habiletés en entrepreneuriat.

Quel est votre emploi et votre titre actuel?

Propriétaire et éco-designer chez Pied-de-Poule.

Dans quelle ville se situe votre entreprise?

Saint-Casimir, dans la région de Portneuf.

En un mot, quel type de travailleuse êtes-vous?

Je suis définitivement une personne très organisée et je chéris absolument cette qualité, car je suis certaine qu’elle me fait gagner beaucoup de temps!

Qu’est-ce qui rend votre compagnie unique? Pourquoi?

Les accessoires utilitaires et zéro-déchet Pied-de-Poule sont fabriqués à partir de tissus vintages récupérés. Ils sont soit créés en éditions très limitées, soit totalement uniques. Je n’aime pas les objets manufacturés, je les trouve sans particularités et sans intérêt. Les produits Pied-de-Poule ont tous eu une autre vie à travers les tissus que je revalorise, et j’y vois là une grande poésie.

Quelle est la taille de votre compagnie?

Pied-de-Poule a été au départ une micro-entreprise artisanale où je portais à la fois tous les chapeaux. Mais le succès toujours grandissant de celle-ci me porte maintenant à faire appel à plusieurs personnes pour supporter la croissance. J’ai donc une administratrice qui gère le site web et la boutique en ligne et plusieurs contractants qui s’occupent par exemple de la prise de photos, du graphisme, de la taille des tissus et même de la couture de certains produits.

Quels outils sont essentiels à votre vie?

Woocommerce pour la boutique en ligne, Canva pour du graphisme rapide et facile, Kiwili (une entreprise montréalaise) comme système de facturation et Kasperski pour sécuriser mon portable.

À quoi ressemble votre espace de bureau?

J’ai la chance d’habiter et d’avoir mon atelier au même endroit, dans un ancien presbytère! L’atelier est grand, lumineux et chargé d’histoire. Les murs en lattes de bois, les superbes moulures et les calorifères en fonte sont les témoins silencieux des Sœurs qui y vivaient jadis. Des tablettes chargées de tissus, ma grande table de coupe au centre et quatre machines à coudre industrielles complètent le décor. Bien entendu, tout est super organisé; c’est d’ailleurs la première chose que la plupart des gens disent en entrant dans l’atelier.

Avez-vous une façon d’organiser vos journées afin d’optimiser votre travail?

Je commence toujours la journée par les courriels et l’envoi des colis. Puis, je me fais un plan de match pour la journée en évaluant les priorités. Je fais partie des personnes qui ne peuvent pas vivre sans listes, donc je fais des listes, je vérifie mes listes, je coche des items sur mes listes, c’est comme cela qu’avancent mes journées. À la toute fin, je range le plus possible l’atelier et le coin bureau et j’organise déjà la journée suivante.

Quels «trucs» conseilleriez-vous pour améliorer la productivité?

Un des meilleurs trucs que l’on m’a donné lors d’une formation en entrepreneuriat est de dresser le portrait de mon niveau d’énergie et d’attention au cours d’une journée typique. Je sais maintenant qu’il m’est préférable de réaliser les tâches qui requièrent plus de concentration au tout début de la journée qu’entre 10h00 et 14h00, car je suis davantage productive en couture et que le meilleur moment pour les rencontres et rendez-vous est en fin d’après-midi.

Vous êtes meilleure que vos collègues de travail pour…?

Je suis particulièrement bonne pour optimiser les processus de confection; j’essaie toujours de trouver la façon la plus simple et la plus rapide de réaliser les différentes tâches.

Comment contrôlez-vous la croissance de votre compagnie?

Depuis la création de l’entreprise, une croissance constante m’a permis de m’adapter en douceur à chaque nouvelle réalité. Mais dans les derniers mois, comme j’ai été une des premières à commercialiser des masques de protection en tissu, mon entreprise a subi une croissance aussi soudaine qu’extraordinaire. Je me suis relevée les manches, j’ai engagé une quinzaine de personnes et travaillé 7 jours sur 7 jusqu’à quinze heures par jour durant plusieurs mois. Disons que j’ai appris à déléguer! Ça m’a permis de réaliser que certains aspects de mon travail, que je croyais reposer entièrement sur moi, peuvent effectivement être réalisés par d’autres. Mon modèle d’entreprise continue ainsi d’évoluer.

À propos du design, que votre marque représente/reflète-t-elle? 

Pied-de-Poule reflète l’unicité de chacun d’entre nous et répond aux besoins des personnes consciencieuses de l’environnement. L’idée est principalement d’acheter moins, mais d’acheter mieux. En revalorisant les matières déjà à notre disposition, non seulement nous diminuons notre empreinte écologique, mais en plus nous nous retrouvons avec des objets qui sont chargés d’une histoire. On est loin des modes de production industriels qui sont aussi malsains pour les communautés que pour l’environnement.

Qu’est-ce qui vous inspire et vous motive à aller au travail chaque jour?

Je sais que mon travail est en accord avec mes valeurs et je suis passionnée de couture, c’est tout simple!

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

Mon ex m’a déjà dit «fais ce que tu as envie de faire, et non ce que tu crois que tu devrais faire». Cette phrase m’a poussée à me lancer dans cette aventure, même si je sentais encore à ce moment que je devais rentabiliser mes études, avoir un vrai job, en plus de ne pas me sentir véritablement outillée pour un projet d’entreprise. Je suis donc allée chercher ce qui me manquait pour vraiment faire ce que j’avais envie de faire; de la formation et un peu de courage.

Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?

Étrangement, pour une entreprise artisanale, la meilleure façon d’augmenter la productivité est de séquencer la confection, un peu à la manière d’une chaîne de montage dans une usine. Les produits sont donc confectionnés en groupes, une étape à la fois. Cela permet vraiment d’augmenter la rapidité, car il y a moins de manipulations, et le fait de répéter plusieurs fois de suite le même geste rend ce dernier plus efficace.

Quels ont été vos plus grands défis en tant qu’entrepreneure?

Comme pour la plupart des entrepreneurs, l’arrivée de la pandémie a été un choc. Les boutiques qui distribuent mes produits et qui constituaient jusqu’alors ma plus grande source de revenus ont fermé en l’espace d’une semaine en cause du confinement. Je me suis alors rapidement mise à faire des masques de protection en anticipant qu’on en aurait certainement besoin. J’ai dû ajuster ma boutique en ligne, mes modes de gestion et de production pour répondre à la demande qui était colossale. Au final, c’est plus de 7 000 masques de protection que j’ai vendus en l’espace de quelques mois. Ça a été tout un défi, et je suis bien contente d’être parvenue à le relever!

Quels seraient les conseils que vous donneriez à quelqu’un qui souhaite démarrer une entreprise?

Avant toute chose, évaluer le besoin et l’intérêt envers nos produits / services et étudier la concurrence.

Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez-vous pas vous passer?

Ma nouvelle machine à coudre industrielle électronique de marque Juki. Je peux presque coudre les yeux fermés! Je l’adore.

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