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Moulin 7: l’histoire d’Asbestos à boire

Moulin 7: l’histoire d’Asbestos à boire

Un vendredi midi de janvier à Asbestos. Dans un décor évoquant le passé minier de la ville, connue surtout pour son exploitation de l’amiante, la microbrasserie Moulin 7 est pleine à craquer lors de notre visite. Rencontre avec l’un des trois co-propriétaires de l’endroit, Yan St-Hilaire, qui nous raconte le chemin parcouru, et nos photos au bas de l’article.

C’est l’histoire de deux amis en réorientation de carrière dans une ville dont l’âge d’or minier est loin derrière, qui brassent des bières chez un ami. Yan St-Hilaire est gestionnaire, Danick Pellerin ébéniste et peintre et suit alors une formation de brasseur. Lorsque le plan de relance de la mine Jeffrey tombe à l’eau, le budget qui avait été prévu est transformé en fond de diversification, pour donner un nouveau souffle à la ville et encourager le démarrage d’entreprises. « Ça nous a donné la motivation de dire: on se part quelque chose, on se part une microbrasserie » résume l’entrepreneur.

C’est grâce au père de St-Hilaire, qui a travaillé toute sa vie pour la mine, même après la fermeture, que le concept de la microbrasserie a vu le jour. Alors que les deux brasseurs en herbe déplacent leurs brassins de chez leur ami dans un laboratoire afin de concentrer leurs énergies et d’augmenter la production, M. St-Hilaire mentionne à son fils avoir vu des beaux comptoirs en stainless à la mine et offre de demander au président, Bernard Coulombe, s’il accepterait de les vendre.

« Je dis souvent dans notre histoire qu’on a été chanceux. On crée un peu notre chance quand on est entrepreneur mais celle-là, ça a vraiment été un timing parfait, on ne pouvait pas demander mieux. Si mon père [avait pas travaillé là], ça s’appelerait sûrement pas Moulin 7 ici et y aurait pas ce côté fierté-là qu’on a aujourd’hui. »

Parce qu’en allant visiter la mine pour voir ce qui les intéresse, la magie opère. « Ça a été le coup de foudre. Pour nous autres, c’est mythique la mine: je suis né ici », exprime-t-il, alors que Danick Pellerin a grandi à côté de la mine. « De pouvoir rentrer là, c’est niaiseux, mais pour les gens d’Asbestos ça représente beaucoup. »

Le 7e moulin

« Quand la mine a été fondée, explique St-Hilaire, chaque bâtiment avait le nom de Moulin. Y a eu Moulin 1, le Moulin 2, le Moulin 3-4-5-6. On voit toujours le 5 et 6 qui [sont] encore pour le moment sur pied, mais ils ont commencé la démolition. Pour nous autres c’était une continuité d’appeler ça le Moulin 7. »

Le plus de matériel possible de l’ancienne mine a donc été récupéré, autant pour la déco pour les opérations de brassage, et l’espace pub, avec l’aide de la conjointe de Danick Pellerin, formée en architecture, est conçu comme un clin d’oeil au passé de la ville tout en étant bien ancré dans le présent. Lors de l’achat du mobilier à la mine, le président leur a montré les plans de ce qui serait devenu le Moulin 7 si la mine avait été réactivée. Le nom n’aurait pas pu être mieux choisi!

Les noms des bières portent également les couleurs de l’histoire de la ville: la blonde Mineur en hommage à tous les Asbestriens qui ont fait ce métier, la noire 1949, année de grève et de noirceur, la 100 tonnes en référence aux camions lourds arpentant la ville et l’Or blanc, petit nom de l’amiante et moteur économique de la région pendant plus de 100 ans, pour la bière blanche.

Depuis l’ouverture du pub en septembre 2014, puis des premiers brassins de Moulin 7 au début mars 2015, le succès est au rendez-vous, allant même jusqu’à être qualifié de « carte de visite pour la ville d’Asbestos » par le maire de la ville et préfet de la MRC des Sources Hugues Grimard, présent lors de notre visite. Une dizaine de bières maison sont disponibles sur les lignes de fûts, parfois accompagnées de microbrasseries invitées. Pour l’instant, cinq bières sont également disponibles en cruchons de verre de 950 ml, vendues sur place et dans les villes voisines (Warwick, Thetford Mines, Victoriaville, Danville, Drummondville et Sherbrooke), une question de capacité de production et de promotion.

« C’est avec le Moulin, évoque Hugues Grimard, qu’on est capable de relancer l’identité et de relancer l’innovation d’Asbestos, parce qu’on était une histoire minière, et là on est vraiment complètement sorti de l’esprit minier et tourné vers l’avenir. » Avec leur slogan « Rappelons-nous le passé et trinquons à notre avenir! », Yan St-Hilaire, Danick Pellerin et Karina Lalonde l’ont compris.

Recherche et entrevues: Caroline Dostie
Rédaction: Maryse Boyce
Photos: Caroline Dostie

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