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« Faut se servir de notre tête. » – Patrice Caron, fondateur de Papineau

« Faut se servir de notre tête. » – Patrice Caron, fondateur de Papineau

Papineau. Un nom qui risque de faire du bruit dans peu de temps. Le 27 février, pour être plus précis. C’est la journée choisie par Patrice Caron, fondateur du Gala alternatif de la musique indépendante (GAMIQ) et du Musée du rock’n’roll du Québec, pour lancer son nouveau projet. À mi-chemin entre média et lieu de rayonnement pour les artistes, Papineau va se lancer dans la mare agitée des blogues et webzines musicaux. Et déjà, la confiance règne: « On veut être les meilleurs! » Entrevue.

Attablé devant un café, Caron discute avec le sourire… et sans compromis. Il est catégorique, c’est en réaction au virage numérique – malheureusement un brin désastreux pour bien des aspects du monde de la musique et des médias – que Papineau va s’élever fin février à la place de Saint-Rock, site parallèle du GAMIQ. « Les rares joueurs technologiques locaux pouvant se mesurer à cette industrie mondiale adoptent les techniques et les contenus de leurs concurrents, parfois des services complémentaires mais peu peuvent se vanter de se démarquer dans son domaine, profitant souvent des lois pour préserver des parts de marché, lois qui dans le web absolu, ne s’appliquent pas vraiment. »

Pour le passionné de musique qui a d’ailleurs déjà été dans un band et qui « a été dans les shows tous les soirs pendant 5 ans » (!), ce site est une nouvelle corde à son arc. Comment Papineau compte-t-il tirer son épingle du jeu? « En étant complémentaire. Le lecteur a aimé le petit article dans Feu à volonté? Nous, on va lui offrir la forme longue. Et on veut aussi mettre en valeur ceux qui écrivent bien. » Si Caron garde pour lui les noms de ses trouvailles pour l’instant, on se doute qu’il va respecter cette volonté en embauchant des plumes de talent, ou rien: « Avec la tempête dans le domaine des médias qui dure depuis 2008, beaucoup de talents se sont perdus. Une autre façon de perdre notre voix au Québec, selon moi. Ceux qui s’expriment bien sont remplacés par des gens qui parlent comme des jambons avec une patate dans la bouche. On n’a plus de désir d’élévation. » Papineau lui, oui.

Papineau osera-t-il la critique? Silence. « Huuum. Non. On va décrire les artistes, ce que les gens pourront entendre, mais on ne descendra pas un groupe. Je ne sais pas si la critique est encore pertinente aujourd’hui. » Il faut dire qu’avec la multiplication des voix et des plateformes, le diktat de l’avis unique est bien loin de nous. La conversation est ouverte, plus que jamais.

Pas juste un média

Si les abonnés de Papineau pourront trouver portraits d’artistes, descriptifs d’albums et débats sur l’industrie musicale sur le site, ils pourront également accéder à une boutique dédiée à la distribution numérique transactionnelle. Vous l’aurez compris: la plate-forme se veut le rendez-vous préféré des mélomanes. Sur le site, on pourra trouver une banque enviable de musique, d’artistes divers, qui deviendra également une manière d’archiver la musique locale.

Et surtout, d’empêcher l’argent de nous glisser entre les doigts. « Papineau, c’est le fruit d’une réflexion, d’une constatation. La grande illusion du streaming, c’est de penser qu’on veut plus de la visibilité que de l’argent. Certains artistes obtiennent des subventions, prennent notre argent collectif et le donnent, d’une certaine façon, à d’autres pays dans lesquels les services de streaming sont installés. C’est un gros criss de paradoxe. Cet argent-là ne revient jamais. C’est ce qu’on perd en demandant à d’autres entités de distribuer notre musique. » Pas fou. D’ici là, Papineau compte sur la générosité des amoureux de la musique pour se financer. Comment? Tous les détails ici.

Crédit photo: Jean-François Brière

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