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Une murale revendicatrice à l’angle de Masson et De Lorimier

Une murale revendicatrice à l’angle de Masson et De Lorimier

Une nouvelle murale étonnante, représentant deux femmes dans une position de tendresse amoureuse non équivoque, a vu le jour à Montréal sur le Plateau Mont-Royal en août dernier. L’œuvre géante (de 19 pieds par 30 pieds) est accompagnée de la mention calligraphiée « Notre existence ne sera plus jamais silencieuse. Cela ne nécessite ni excuse, ni explication, ni approbation ». Rencontre avec l’artiste muraliste Jessica Sabogal, qui signe l’oeuvre.

La murale This Type Love, nommée ainsi en référence à un poème, a été réalisée par Jessica Sabogal à l’invitation du collectif Decolonizing Street Art, qui se définit comme une convergence anticoloniale d’artistes de rue. Elle avait fait l’année dernière une murale dans la Petite Italie, afin de revendiquer la justice pour les femmes autochtones. L’artiste californienne, bien connue pour son engagement social, est également la première femme à avoir été invitée à peindre au quartier général de Facebook en Californie.

À San Francisco, en juin dernier, Sabogal a participé à une murale collective du groupe Maricón Collective sur le mur d’une galerie du district Mission, peinture qui a suscité une grande controverse. L’oeuvre, évoquant des scènes de la culture mexicaine-américaine LGBT, a été vandalisée par trois fois. Les deux premières fois, la fresque a été saccagée à la peinture puis restaurée rapidement par les artistes, alors que la troisième fois, elle a été mise à feu. La police de San Francisco enquête actuellement sur cet incident.

Suite aux événements de San Francisco, elle a décidé de réaliser une œuvre qui se veut une affirmation de ce qu’elle est: une femme, une artiste et une lesbienne. Pour elle, Montréal était l’endroit idéal pour y faire son postulat sur la place de la femme lesbienne dans la société: « J’ai choisi Montréal pour faire ce témoignage artistique, parce qu’ici, je me sens en sécurité. Montréal est l’une des villes les plus agréables que je connaisse et les gens y ont bon cœur. Je voulais donc que ce soit Montréal qui accueille cette murale exclusive. »

« Mon objectif est simple. Je veux que les gens voient cela en passant, qu’ils soient surpris, intrigués, étonnés. Que cela suscite une réflexion à propos de la femme, de l’homosexualité et de la diversité culturelle et qu’au final à force de la voir, on puisse s’y habituer. Que ces trois aspects deviennent inconsciemment partie du quotidien des gens du quartier et qu’ils se rendent compte que cela ne représente pas quelque chose de choquant ni d’offensant. Et que cela entre simplement dans la réalité des gens. »

« Bien sûr, cela ne va pas guérir l’homophobie, ni le racisme ou quoi que ce soit. Cela ne va rien faire disparaître du tout en fait, mais si cela peut contribuer, ne serait-ce qu’une seconde, à la réflexion, eh bien mon travail aura été utile. »

Mme Sabogal croit-elle que sa mural recevra le même accueil que la murale de San Francisco? « Le street art doit servir de dialogue par lui-même. Par cette murale, je fais une déclaration. Si quelqu’un décide de la vandaliser comme c’est arrivé là-bas, ce sera également une déclaration. »

L’artiste est depuis retournée à Oakland et ne pourra donc pas suivre en temps réel l’impact de son expression artistique, mais au moment d’écrire ces lignes, la murale était toujours intacte et continuait à diffuser son message aux passants du quartier.

 

Crédit photos: Nicole Robuchon, alias Nickie Robinson

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