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Entrevue avec Brigitte Haentjens: garder les feux du théâtre vivant

Entrevue avec Brigitte Haentjens: garder les feux du théâtre vivant

L’automne approche et avec lui l’effervescence artistique de la rentrée. Au Centre National des Arts à Ottawa, la directrice artistique du Théâtre français porte tout un chapeau: embraser le théâtre. C’est la thématique de la saison 2015-2016, et nous nous sommes entretenus avec la principale concernée Brigitte Haentjens pour savoir de quel bois elle se chauffera cette année.

« J’aime bien cette notion de mettre le feu aux spectateurs », ouvre-t-elle avec un grand rire taquin. Pour propager la curiosité face au théâtre français dans une ville où les francophones sont minorité, la programmation mise sur la diversité: un équilibre entre jeunes visages et monuments, tous se commettant dans des créations inspirées.

Ainsi, la saison s’ouvre sur À quoi ça sert d’être brillant si t’éclaires personne, un rassemblement musical et théâtral célébrant la présence francophone en Ontario via sa relève et ses mentors, « un hymne au territoire et à sa langue ». Jean-Marc Dalpé, dramaturge franco-ontarien et fidèle complice de Mme Haentjens, y sera à l’honneur, et reviendra visiter plus d’une fois la programmation. Acteur dans la pièce Five Kings: l’histoire de notre chute, de Shakespeare revisité par Olivier Kemeid, il présentera à l’hiver son roman Un vent se lève qui éparpille en version théâtrale.

Seront aussi à l’honneur Septembre, une pièce toute neuve de la dramaturge et comédienne Evelyne de la Chenelière, qui offrira un rare solo, puis As is (Tel quel) de Simon Boudreault, qui avait foulé la scène de Montréal l’année dernière. Très attendu, 887 de Robert Lepage verra le jour ce printemps, un nouveau spectacle en cours de création autour de l’enfance de l’artiste à Québec: « C’est le parallèle entre le politique et l’intime: c’est vraiment beau, c’est un spectacle très émouvant ». Parmi les recommandations de Mme Haentjens, on trouve Ça ira (1) Fin de Louis, de Joël Pommerat. « C’est un des plus brillants artistes français, dit-elle à propos du dramaturge qui n’en est pas à sa première visite au CNA. Je pense que ça va être hors-norme, ça va être passionnant. »

Le CNA est d’ailleurs partenaire de création pour pas moins de quatre spectacles cette année, ce dont se réjouit Mme Haentjens: « C’est sûr qu’on prend un risque: c’est quand même un peu plus facile de faire venir un spectacle qu’on a déjà vu, mais c’est super aussi que le Théâtre français puisse jouer ce rôle-là parce qu’il n’y a plus grand monde qui le joue aujourd’hui. » L’institution s’est donc impliquée dans la démarche de création, tout en laissant aux dramaturges la liberté dont ils avaient besoin. Pour Septembre par exemple, la directrice artistique, également metteure en scène chevronnée, a lu toutes les versions de la pièce. « C’est vraiment chouette, parce dans ces cas-là tu ne te sens pas juste comme quelqu’un qui met de l’argent. »

Il s’agit d’ailleurs pour elle du principal privilège d’une directrice artistique, « de pouvoir soutenir d’autres artistes », « de tendre la main à d’autres », notamment les plus jeunes pas nécessairement encore établis, pour qui faire partie de la programmation du CNA constitue une belle vitrine.

Le volet enfance/jeunesse n’est pas en reste, notamment grâce au travail acharné de la directrice artistique associée Mélanie Dumont. C’est « une programmation exceptionnelle que Mélanie fait, des oeuvres très très chouettes » pour « les spectateurs de demain », commente Mme Haentjens, emballée. « Bien sûr, les adultes viennent rarement aux spectacles pour enfants. Ils devraient, parce que c’est des oeuvres souvent, qui sont absolument extraordinaires. »

Vous êtes avertis.

Théâtre français du Centre national des arts d’Ottawa

Pour la programmation complète du Théâtre français | sur facebook

Crédit photo: Angelo Barsetti

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