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Gensler : l’architecture humaine

Gensler : l’architecture humaine

L’importance de l’architecture dans nos vies est immense. Elle définit nos politiques sociales, nos quartiers, nos inégalités, notre culture, notre vision du futur ; elle représente notre histoire et nos aspirations, en tant que société. Est-ce que l’architecture est toujours au service de la population ? Est-ce qu’elle est trop élitiste ?  Qu’est-ce que de la bonne architecture ? Gensler, une agence d’architecture et de design américaine, établie en 1965 et possédant 33 bureaux à travers le monde, possède une approche créative voulant transformer le quotidien pour le mieux. C’est dans le cadre du Master Classes d’Index-Design que Baron s’est entretenu avec Robin Klehr Avia, directrice principale régionale et Thomas Vecchione, directeur design de Gensler. 

Baron : Quelle est la vision et la philosophie de Gensler ?
Robin Klehr Avia : La compagnie à été fondée il y a plus de 50 ans, et elle a été fondée sur le principe que le design peut avoir un impact positif dans la vie des gens. Nous ne faisons pas du design pour faire du design, nous le faisons pour que les gens, les affaires et l’environnement puissent vivre en harmonie.

Thomas Vecchione : Personnellement, je vois le design comme un moyen de résoudre des problèmes, des défis de la vie. Que ce soit de simplement devoir se rendre à l’aéroport, de créer un siège social pour une grande entreprise, de créer l’image de marque sur un emballage, avec Gensler, j’ai vu que l’architecture avec le design peuvent faire partie d’une solution importante pour comprendre le comportement humain et aider à résoudre des problèmes.

B. : Est-ce que vous pouvez nous définir ce qu’est de la mauvaise et de la bonne architecture ?
R. K.A. : (Rires) Je pense que, quand l’architecture ne répond pas au besoin, c’est de la mauvaise architecture. Et comme l’a expliqué Thomas, il faut qu’elle aide à résoudre des problèmes.

T. V. : C’est une question très intéressante, car les gens, en général, perçoivent et critiquent l’architecture uniquement sur une base esthétique : sa forme, le matériel utilisé, le manque d’esthétisme et autres attributions physiques. C’est toujours un défi de démystifier cette question, puisque j’avais également cette idée préconçue du langage universel de l’architecture. Ce que j’ai appris, au fil des années, est qu’il y a des styles éphémères et que, pour que l’architecture soit bonne, il faut aller dans l’essence, comprendre l’importance et la valeur de l’œuvre. Et l’architecture est un apprentissage constant, perpétuellement en développement. Il faut prendre de la maturité pour atteindre un regard plus approfondi. C’est une question très complexe. La bonne architecture, selon moi, peut changer le comportement humain, devenir un catalyseur culturel et être à l’épreuve du temps.

B. : Est-ce qu’il y a une ville qui manque de vision en architecture ?
T. V. : Nous sommes chanceux de travailler pour une compagnie internationale qui nous fait voyager à travers le monde. Nous revenons d’Abou Dabi et nous avons beaucoup de travail là-bas. C’est une culture très intéressante, avec un centre d’affaires très dynamique, mais il existe un problème de planification urbaine très important. Il manque une harmonie urbaine entre la rue, le quartier et les gens. Des choses simples, comme, par exemple, un urbanisme axé sur la collectivité, qui est un élément important de villes comme Montréal et New York. Il y a un manque de vision architecturale, dans certaines méga villes, qui empêche l’établissement d’une entité d’appartenance à la ville, au quartier et à la collectivité. Toutes les grosses villes ont ce problème et les architectes doivent être plus sensibles à cette réalité.

B. : Et quelles villes ont une telle vision ?
R. K. A. : New York. Plus précisément, il y a des régions de la Grosse Pomme qui manifestent une belle vision d’ensemble.

T. V. : Le mot vision est très subjectif. Par exemple, quand tu vas à Rome et que tu arrives devant lafontaine de Trevi, qui est trop grosse pour le site, l’impact architectural du monument vers les visiteurs est énorme et, selon les standards culturels et urbains, cette fontaine, qui est une merveille, ne pourrait pas exister aujourd’hui. La vision de l’époque a contribué à son existence. Elle fait partie intégrante de la ville. Elle est un centre économique et culturel. Aussi, les villes changent et les visions sont différentes. À New York, par exemple, le Commissioners’ Plan of 1811, qui définissait l’organisation de l’île, est une vision d’organisation qui, pour l’époque, était très avant-gardiste. Cette planification rigide en a choqué plusieurs, mais la ville et ses habitants se sont transformés en un endroit excitant. J’aime voir les villes évoluer et muter avec le temps.

B. : Depuis quelques temps, on remaque, à Baron, un respect croissant pour l’architecture et le design à travers le monde. Souvent vue comme un univers très élitiste, l’Internet a aidé à démocratiser et faire découvrir l’architecture, grâce, entre autres, à des blogues et des sites comme Archdaily ou Dezee. Avez-vous remarqué cette nouvelle tendance et qu’en pensez-vous ?
R. K. A. : Oui, je pense qu’il y a une compréhension croissante de l’importance et de l’impact du design dans la vie des gens. Que ce soit à travers un produit fabuleux, une publicité ou l’aménagement d’un espace, le monde comprend tranquillement que le design peut aider une compagnie, une école ou un magasin en lui donnant une valeur ajoutée. Aussi, Internet à poussé les designers et architectes à démontrer à la population le bienfait réel de leur travail. Et ils continue cette discussion à travers cette plateforme.

T. V. : Également,on réussit à prouver qu’il existe un engagement réel du consommateur avec le produit et le service, lorsqu’il est présenté avec un design efficace. Je pense qu’Internet est la version moderne des villes portuaires, comme Venise, Alexandrie, New York ou Rotterdam. À l’époque, ces villes étaient le point de rencontre des marchands et voyageurs qui venaient des quatre coins de la planète pour faire du commerce, échanger des idées, découvrir de nouveaux produits, découvrir de nouvelles langues, écouter de la nouvelle musique venant d’ailleurs, faire de nouvelles connaissances, développer de nouvelles visions et techniques sociales. Ces échanges, qui étaient confinées à un lieu précis, sont maintenant disponibles à tous, de partout dans le monde, pour le peu qu’on dispose d’un écran. Internet nous ouvre à des millions de visions différentes, de possibilités multiples. Dans le cas du design, nous l’apprécions à sa juste valeur.

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18 septembre –  Craig Dykers, cofondateur et architectecte de Snøhetta.
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