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« Créer un buzz, c’est loin d’être facile. » – Steve Jolin, fondateur de Disques 7ième Ciel

« Créer un buzz, c’est loin d’être facile. » – Steve Jolin, fondateur de Disques 7ième Ciel

» Archives de la chronique : Dans les coulisses de la musique

Steve Jolin, alias Anodajay, est un ardent défenseur des régions éloignées. C’est dans le cadre de son parcours artistique qu’il a pu mettre de l’avant cette conviction. «J’étais à la recherche d’une maison de disques. Mais être un rappeur, ce n’est pas trop sexy. Venir d’Abitibi : encore moins. » Dans une industrie musicale où Montréal semble être l’épicentre, Jolin a fait fi des conventions et a démarré sa propre maison de disques spécialisée en musique hip-hop et rap dans sa région. Depuis sa création en 2003, Disques 7ième Ciel a vu ses rangs se gonfler d’artistes de renom : Koriass, Samian, Manu Militari, Dramatik et awdi. Pas mal, non?

Et comment ça s’est pris dans le milieu? « Pendant longtemps, le monde du hip-hop avait son propre réseau. Il existe encore d’ailleurs, mais il s’est de plus en plus lié à l’industrie musicale. Disques 7ième n’a jamais fait partie de ce milieu. On n’avait pas notre place. D’où le désir de créer une micro-industrie de notre côté. » Dès les premiers balbutiements de la boîte, la réception a été positive. « Les deux premiers albums qu’on a sorti, ce sont les miens : Premier VII et Septentrion. Ça a eu un bon succès dans les régions. Il y avait des gens aux shows. Étant donné que nous étions les premiers à sortir de Montréal et Québec, ça a créé une certaine curiosité. »

C’est quand les honneurs sont arrivés que Jolin a dû faire face à quelques réactions négatives : « Quand j’ai commencé à gagner des prix, il y a eu un peu de jalousie. J’étais l’Abitibien qui débarque pour brouiller les cartes dans un milieu où beaucoup ont de la difficulté à percer. » Mais avec le temps, le bon travail, et bref, une crédibilité gagnée après beaucoup d’efforts, le fondateur de Disques 7ième Ciel a vu sa compagnie devenir solide et même, grossir. Aujourd’hui, elle compte deux bureaux. Un en Abitibi bien sûr. Et l’autre? À Montréal. « On ne s’en sort pas. Il ne faut pas se leurrer non plus : l’importance de Montréal dans l’industrie du hip-hop est indéniable. »

« Il faut donner beaucoup d’énergie pour qu’un artiste se démarque. »

Très sélectif, le fondateur de Disques 7ième Ciel travaille avec seulement 6 artistes, dont lui-même. Pourquoi? « J’essaie toujours de me demander : pourquoi je m’intéresserais à tel ou tel artiste? Quel est son créneau? Sa démarche est-elle sérieuse? Parce que mine de rien, il faut donner beaucoup d’énergie pour qu’un artiste se démarque. Il faut y croire. Et aussi, je ne veux pas que mes artistes se marchent sur les pieds. » Jolin reçoit donc de 5 à 10 offres par semaine. « C’est clair : il y a énormément d’artistes qui veulent se faire connaître! »

Une compagnie de disques spécialisée en hip-hop et rap gère-t-elle différemment ses relations avec les journalistes? « Pas nécessairement. Je travaille avec une équipe de relations de presse. On envoie nos actualités autant aux médias traditionnels qu’aux blogues ou médias plus spécialisés. » D’ailleurs, que pense-t-il de ces publications alternatives qui s’affichent comme des spécialistes de ce genre de musique? « Je ne sais pas s’ils s’y connaissent plus que les médias de masse, mais ils le prétendent. L’effort est louable. Je ne nie pas l’importance de ces vitrines, mais je me mets pas du tout de côté les médias traditionnels non plus. C’est important qu’ils voient les noms des artistes passer. »

Quelles difficultés risque de rencontrer un artiste indépendant sur son chemin? « La musique s’est démocratisée depuis quelques années. Créer un buzz, c’est loin d’être facile. Vraiment ardu de trouver quelqu’un qui se démarque. » Comment faire alors? « Il faut présenter quelque chose de spécial. Se faire remarquer. Si l’artiste réussit à capter l’attention de quelqu’un qui peut le faire progresser, c’est déjà un bon pas en avant. »

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