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« Si j’écris qu’une œuvre m’a donné envie de vomir, ça ne sera utile pour personne. » – Myriam Daguzan, fondatrice et co-rédatrice en chef de Ma mère était hipster

« Si j’écris qu’une œuvre m’a donné envie de vomir, ça ne sera utile pour personne. » – Myriam Daguzan, fondatrice et co-rédatrice en chef de Ma mère était hipster

Et ça se poursuit avec Myriam Daguzan Bernier, fondatrice et co-rédactrice en chef du magazine en ligne Ma mère était hipster. Vous avez d’ailleurs peut-être aussi eu la chance de lire ses articles sur Nightlife.ca, dans le magazine Clin d’œil ou le Châtelaine. Très active sur la scène culturelle, tant comme consommatrice que journaliste, Myriam a toujours été attirée par ce milieu: « J’étais libraire, disquaire et commis de magazines chez Archambault et ensuite chez Renaud-Bray. Quand cette période s’est terminée, je m’ennuyais vraiment de partager mes découvertes culturelles avec les clients. C’est là que j’ai eu le déclic : j’allais démarrer un blogue pour moi, juste pour le fun. »

C’est donc en 2009 que Ma mère était hipster est né dans un petit coin d’Internet par la seule volonté d’une passionnée. Dur à croire lorsqu’on constate que ce webzine, qui compte maintenant une quinzaine de collaborateurs, est devenu une référence pour les amateurs d’art moins mainstream et de critiques qui se tiennent loin de la complaisance. La ligne éditoriale? Transparence et authenticité.

Côté musique, ça se passe comment?

Dès ses débuts, Myriam a orienté tout naturellement ses choix de couverture musicale vers les artistes undergrounds, souvent indépendants, se tenant loin des gros hits. « Je me rappelle qu’à mes débuts chez Archambault, c’était le début de l’opération séduction Star Académie. On devait porter une veste et une passe, comme si on était V.I.P ou whatever. Mettons que je n’ai pas du tout embarqué dans le trip! » Il faut dire que la journaliste a été élevée sur fond de Radio-Canada par une famille ouverte aux découvertes musicales plus undergrounds. « J’ai décidé d’y aller par coup de cœur. Si j’écris qu’une œuvre m’a donné envie de vomir, ça ne sera utile pour personne. On reçoit tellement de communiqués : pourquoi donner une couverture négative à un artiste quand je peux en offrir une à un truc vraiment excellent?»

Justement, comment trouve-t-elle la couverture accordée à la musique indépendante par les autres médias? « Il y a vraiment une grosse partie qui est tombée avec la fin de Bande à part. Mais de ce côté-là, je crois que BRBR a pris efficacement le flambeau. » Et bien sûr, difficile de ne pas aborder les différences entre le traitement des médias plus traditionnels et celui des webzines et blogues : « Certains médias ont vraiment besoin de tant de clics par jour ou d’un quota de cote d’écoute, et ces facteurs entrent en compte lors de la sélection des sujets. Il est clair que ces médias plus établis pourraient ratisser plus large et s’ouvrir aux découvertes. Chez Ma mère était hipster, on se tient loin de ce genre de considérations financières. On le fait par passion, pas pour l’argent. »

Une réalité parfois dure à accepter pour certains : « Oui, des blogues ou des webzines réussissent à faire de l’argent de manière significative, mais c’est extrêmement rare. C’est plutôt triste de voir de petits médias couvrir les gros noms seulement pour avoir des clics, alors qu’ils ont toute la liberté du monde de présenter des musiciens moins connus. Ça devient difficile dans ce contexte pour les artistes indépendants, qui doivent pédaler pour se démarquer dans la marée d’offres musicales!»

Malgré tout, Myriam se dit loin d’être défaitiste : « Oui, c’est correct de couvrir des quétaineries comme La Voix, mais il faut sortir de ce carcan et aller plus loin. Il faut également offrir des choix de qualité à un public qui ne fait pas toujours l’effort de faire ses propres recherches… »

mamereetaithipster.com

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