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Damian Siqueiros – Baronesque 2012

Damian Siqueiros – Baronesque 2012

Les photographies de Damian Siqueiros mettent en scène tant l’architecture d’un lieu que les corps des danseurs. Les poses sont chorégraphiées, figées dans un mouvement. Elles font écho à la grandeur du lieu, des cathédrales de Séville et de Barcelone et sont construites pour évoquer une tension entre deux êtres, entre deux corps. Siqueiros se retrouve à tout faire lors de la construction de ces images: maquillage, costume, scénographie, photographie. C’est aussi lui qui travaille l’image numérique par la suite. Il structure ses œuvres, en bâtit l’armature comme l’esthétique. Plus largement, ses photographies traitent aussi de l’identité et de la construction des genres sexués. Le lieu de la cathédrale n’est pas anodin puisqu’il questionne le pouvoir des diktats religieux sur les comportements humains.

Bio
Né au Mexique, Damian Siqueiros est photographe et artiste visuel. Il a exposé dans plusieurs galeries et musées au Mexique, en Espagne, au Canada, à Paris, New York et Washington. Au cours des dernières années, il a été récompensé par plusieurs bourses et prix, entres autres, lors de l’édition 2010 de l’événement montréalais Art Souterrain. Il a également collaboré avec plusieurs magazines et avec les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et Margie Gillis.

Expliquez-nous votre démarche artistique.
Mes photographies illustrent mes préoccupations récurrentes autour de la construction identitaire. Tant par les éléments représentés que par la technique utilisée, fond et forme se tissent en une trame de réflexion continue et ouverte aux remises en question des fondements de notre propre représentation de soi et du monde, de ce que l’on croit vrai et essentiel. Chaque image est la mise en forme esthétisée d’une tension à la fois intime et sociétale.

La création de mes images m’amène à faire un travail pluridisciplinaire : je deviens maquilleur, scénographe, metteur en scène, photographe, et éditeur numérique. Il s’agit d’abord, dans la pré-production de « construire » le personnage, où les choix de costume et de maquillage sont fondamentaux. Puis, la prise en photo – en studio ou au lieu même – avant de passer au long processus de postproduction où l’image peut être corrigée mais surtout enrichie.

Adapté du texte Life as an Everyday Performance: Allégorie de la Performativité de Christelle Proulx.

Parlez-nous des œuvres présentées lors de l’exposition.
La constitution du genre sexué est une constante de mon œuvre qui se démarque tout particulièrement dans la série La vie comme une performance, Sacred Performances: A couple of rules. Dans les dernières décennies, la définition de l’identité par rapport au sexe de l’individu a été complexifiée grâce à l’évolution des théories féministes et queer, tout particulièrement autour de la proposition de Judith Butler positionnant le « genre » ou identité sexuée comme une performance. Ces notions prennent forme dans les idées préconçues qui entourent la masculinité et la virilité qui s’oppose (ou non) à la féminité « autre ».

Les cathédrales de Barcelone et de Séville dans lesquels est mis en scène le couple de Sacred Performances exposent ce pouvoir qu’exerce la tradition religieuse dans la direction de nos comportements dans une relation amoureuse, mais aussi dans l’ensemble de nos choix de vie professionnelle, de notre apparence et de nos intérêts culturels, en d’autres mots : de notre identité.

Extrait du texte Life as an Everyday Performance: Allégorie de la Performativité de Christelle Proulx.

Quels sont les sujets qui vous préoccupent le plus et pourquoi?
Il y a au moins quatre sujets qui sont cruciaux pour mon travail.
Je tiens à explorer la relation entre la peinture et la photographie et leur terrain commun dans la façon dont ils construisent leurs discours et comment l’image est construite. Lorsque vous entrez dans cette langue commune en tant qu’artiste, il devient plus facile d’établir un lien plus fort avec le public à travers la reconnaissance d’une syntaxe familière utilisée à travers l’Histoire de l’art.

En termes de développement conceptuel, mon intérêt principal est de montrer le caractère construit de l’identité de genre, c’est à dire les pratiques qui font les identités de genre reconnaissables et les règlements qui régissent les rôles des individus mâles et femelles. La compréhension de ces concepts est cruciale pour faire disparaître les limites qui rendent l’égalité des sexes ou la compréhension de la diversité des genres inatteignables.

Je suis également très intéressé par la beauté comme un élément cathartique et un moyen d’établir un dialogue avec le public.
Ces 3 éléments sont la clé pour amener le quatrième, la puissance transformatrice de l’art. Je crois que mon travail doit être socialement engagé et responsable. Les images devraient permettre d’améliorer l’environnement social dans lequel nous vivons.

Comment vous positionnez-vous dans le milieu de l’art actuel montréalais? Vous sentez-vous appartenir à un certain mouvement, à votre époque, à votre ville?
Je pense que mon arrivée à Montréal est encore trop récente pour parler d’un positionnement précis. Par contre, les images des Grands Ballets que j’ai réalisées pour les saisons 2011-2012 et 2012-2013 commencent à rester dans l’imaginaire culturel des québécois. Pour moi, il est important que mes images soient de caractère éditorial ou artistique, gardent l’intégrité de mon style et conservent un engagement social pour créer des images intéressantes et complexes.

Je n’appartiens à aucun mouvement en particulier car souvent ils ont l’habitude de s’éteindre à cause d’un manque d’évolution. Pensons à “Act-Up” ou “Guerrilla Girls”. Mon sujet (le genre) est plutôt intemporel, car il y a toujours de la place pour améliorer l’égalité des genres et les droits des minorités sexuelles, mais la façon d’en parler doit être toujours en évolution et s’adapter aux besoins de la société où l’on crée son travail.

Je dois quand même reconnaître que je sens une très forte affinité et admiration pour le travail et la démarche artistique de la chorégraphe et danseuse Margie Gillis.

Comment voyez-vous votre travail artistique, qu’est-ce qu’ « être artiste » signifie pour vous?
J’ai une vision très démocratique des artistes: je suis artiste car je voue ma vie à la création artistique. Ça ne veut pas dire que j’ai du génie, que mon travail est bon ou mauvais. Ça veut dire tout simplement que l’art est ma démarche et ma carrière.

Être artiste, c’est ma vocation et ma passion, je travaille même quand je me repose. J’ai un besoin individuel de créer, mais aussi un besoin de faire un travail qui a une pertinence sociale. Je considère que mon travail est un vaisseau pour ramener la contemplation émotive à l’art et pour sensibiliser le public sur des sujets de pertinence à la société contemporaine.

damiansiqueiros.com

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