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Le journalisme économique: Entrevue avec Joshua Mills Collège Baruch

Le journalisme économique: Entrevue avec Joshua Mills Collège Baruch

L’importance de comprendre et d’être informé sur l’économie, mondiale ou locale, est essentielle dans la compréhension des choix politiques et sociaux que nous vivons quotidiennement. À petite échelle, c’est le pouvoir d’achat : payer 0.99 $ pour un paquet de pâtes de 700 gr. et non 900gr., a des conséquences sur le pourcentage qu’on doit débourser pour manger et la liquidité que nous avons pour vivre. À grande échelle, la différence de prix engendre spéculation, famine, guerre et autres répercussions. Tout ceci, dans son ensemble, peut être compris en lisant nos quotidiens généralistes et spécialisés en économie. Le besoin de se garder informé dans tous les secteurs économiques est depuis le début du capitalisme marchand un besoin capital pour savoir où investir. C’est pourquoi les médias économiques ont continué à prospérer malgré la chute de l’industrie du média. Mauvaise ou bonne journée, il y a un besoin de savoir ce qui se passe dans l’économie à la minute près. Derrière ces médias (Bloomberg, FT, The Economist Group, Les Affaires, Wall Street Journal et autres), il y a les journalistes qui analysent, décortiquent et recherchent toutes ces données pour nous livrer l’essentiel. Nous discutons avec des journalistes, éditeurs et professeurs en Chine, au Canada, en Europe et aux États-Unis sur l’éthique du journalisme économique et la question essentielle, qu’est-ce qu’un bon journaliste économique (ou d’affaires)? [Leonardo Calcagno]

Joshua Mills est professeur et responsable du programme de journalisme d’affaires du Collège Baruch de l’Université publique de New York.

En quoi consiste le programme de journalisme d’affaires du collège Baruch?
Cette spécialisation de premier cycle du journalisme d’affaires est conçue pour former les étudiants à travailler comme journalistes économiques et elle s’appuie sur de solides bases dans la recherche, de même que sur des techniques de rédaction, tout en se concentrant sur le contenu spécifique des entreprises. Les élèves écrivent des articles sur des sujets allant du commerces de détail aux enjeux économiques locaux (tel que l’impact de l’immigration ou de la récession sur un quartier) en passant par les profils des sociétés cotées en bourse, les tendances dans les données économiques et les figures majeures de l’intérêt dans le monde des affaires.

Qu’est-ce qui fait un bon journaliste économique?
Tout d’abord, l’appréciation de l’importance de l’économie et des affaires, et la façon dont il résonne à travers toutes les questions d’intérêt. En effet, le journaliste économique doit être à l’aise avec les données, doit savoir où les trouver, comment les évaluer et il doit avoir la capacité de développer des idées d’articles. Il doit aussi être à l’aise de poser des questions dites difficiles.

Avec les médias qui évoluent très vite et les médias / consommateurs avides à de l’information instantanée, comment un journaliste économique peut-il analyser avec précision?
Il est toujours difficile de trouver le juste équilibre entre la vitesse de l’éclair et la nécessité d’être précis. Bien évidemment, celui-ci ne peut jamais être sacrifié à l’ancienne. Reuters, Bloomberg et d’autres “agences de presse,” ainsi que quelques-uns des meilleurs sites web, ont démontré qu’il est possible d’y arriver. La formation et la préparation sont essentielles, car elles inspirent confiance. L’examen des documents financiers d’une société, le fait de parvenir à une conclusion sur ce que vous voyez et l’écriture d’une histoire fortement libellée ne sont possibles que quand un journaliste est bien préparé.

Qu’elle est l’avenir pour le journalisme économique?
Une grande partie demeurera inchangée. Les réseaux web et sociaux continueront à exercer une pression concurrentielle sur tous les journalistes. De plus en plus, les journalistes doivent être disposés à ouvrir leurs esprits d’entreprise et se «bander» en créant leurs propres blogues, sites web, de même qu’à concurrencer vigoureusement avec les organisations médiatiques traditionnelles. Ce n’est pas facile. Les journalistes sauront également mieux faire s’ils saisissent les dernières technologies, tout en sachant comment les employer au service du journalisme.

Avez-vous des conseils pour les futurs journalistes économiques?
À faire : Soyez prêts. Faites vos devoirs. Restez à jour. Profitez des nombreux ateliers professionnels, tels que ceux offerts par la Society of American Business Editors and Writers (www.sabew.org) et le Centre National de Reynolds Journalisme (businessjournalism.org). Assistez à des réunions, faites du réseautage et cultiver vos sources.
Ne pas faire: vous mettre dans des circonstances éthiques douteuses (l’acceptation de cadeaux, subventions, voyages).

Avez-vous des conseils à donner concernant l’utilisation des médias sociaux comme outils de travail?
Je ne suis pas expert en la matière, mais ce que j’entends de ceux qui le sont, il s’agit d’un précieux outil – un moyen, par exemple, de pêcher des sources – de mettre un tweet ou un message qui dit ce que je suis en train de faire. Bien sûr, il faut être vigilant dans le suivi, s’assurer que les gens sont bien ceux qu’ils prétendent être et qu’ils n’ont pas de conflits d’intérêt. Mis à part ces mises en garde, il n’y a pas de moyen plus rapide pour trouver des sources potentielles.

baruch.cuny.edu

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