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Le piédestal des nerds: La pandémie Pecha Kucha

Le piédestal des nerds: La pandémie Pecha Kucha

« Donnez un micro à un designer (spécialement un architecte) pour vous parler de son projet et vous serez pris pour des heures. » Cette explication venant directement de son site Internet exprime bien la mise en contexte qui a poussé la réalisation des premières rencontres Pecha Kucha.

Fondées en 2003 par la firme Klein Dytham Architectures à Tokyo, les soirées Pecha Kucha (expression japonaise signifiant « le son des conversations ») ont pour but de faciliter les rencontres entre les jeunes designers et leur offrir la possibilité de présenter leurs idées devant un public. Chaque exposant présente vingt diapositives illustrant son projet et a vingt secondes par image pour expliquer sa démarche. Depuis ses débuts, le concept de l’évènement a pris une ampleur internationale, sans effort, et plus d’une centaine de villes se sont approprié le concept.

À Montréal, c’est à Boris Anthony, directeur design chez Dopplr.com – on reviendra sûrement sur cette compagnie dans une prochaine édition de Baron! -, qu’on doit la réalisation de l’évènement qui a pris forme il y a environ deux ans. Depuis, s’est rajouté à l’organisation Marc-André Plasse, Patrick De Barros et Nicolas Marier. Comme notre ami Anthony est plutôt occupé (c’est qu’il est toujours parti en voyage, ce gars-là!!), j’ai réussi à faire la connaissance de Marc-André Plasse, cofondateur de la boîte d’architecture montréalaise Nature Humaine, qui vient de remporter le Prix d’excellence de l’Ordre des Architectes du Québec 2009 et qui avait aussi gagné le grand prix Créativité Montréal en 2007 pour son travail portant sur le restaurant Quattro D.

« La première fois qu’on fait ça, c’est un peu déconcertant […] Il faut vraiment calibrer quand on parle parce qu’on ne peut pas changer de diapo lorsqu’on n’a plus rien à dire. L’avantage du format, c’est que ça permet aux gens d’être concis. » m’explique Marc-André en se souvenant de sa première présentation. Malgré le fait qu’il y a de plus en plus de designers qui sortent des écoles ou des jeunes entrepreneurs qui se lancent en affaire à Montréal, il semble que ce soit quand même dur de trouver des personnes pour faire des présentations. Un manque de promotion de l’évènement ou des designers trop timides? « Souvent, les designers ne sont pas habitués de présenter leur travail et ils ont toujours l’impression que ça ne va pas être assez intéressant. Alors, il faut les convaincre que ça va être super bon. » Puis l’architecte ajoute : « Je pense qu’à l’école d’architecture, on est habitué de toujours présenter nos projets. Je pense que pour les autres formes, surtout en design de mode, en multimédia ou en web, les gens ne sont pas tellement habitués de présenter leur travail devant un public. C’est un bon exercice pour eux et c’est bien de facilement pouvoir communiquer ce qu’on fait de personne à personne.»

Le design à Montréal…ville ouverte?
Montréal est perçu comme une ville qui bouge, une plaque tournante pour plusieurs domaines. Bon nombre d’artistes et d’entrepreneurs obtiennent un certain succès à l’intérieur de cette ville qui a une réputation où il fait bon vivre à cause de sa diversité culturelle et son ouverture d’esprit. Par contre, lorsque je demande à Marc-André si Montréal est une ville de design, en tant qu’architecte, il semble que la ville soit plutôt réticente à laisser les espaces publics aux jeunes talents. « Par exemple, il y a une compétition pour la construction de deux bibliothèques et au lieu de faire un concours ouvert, on demande de soumettre un super dossier de candidatures qui nous donne l’impression qu’il faut donner un nombre de bibliothèques qu’on a faites et s’associer avec des gens qui ont construit pour des millions de dollars déjà. Mais les projets concernés ne sont pas des projets immenses. […] Tout le monde se veut très sérieux et très organisé. Du design, ce n’est pas comme un bureau d’avocat. Pour faire des trucs neufs, il faut prendre certains risques, c’est ça le design. »

Sortez de votre sous-sol!
« Depuis le début de l’évènement, il y a environ 130 personnes qui ont fait des présentations. » Il est assez facile de pouvoir présenter son projet à Pecha Kucha, que ce soit sur le site Internet ou en entrant en contact avec un des organisateurs. « On recherche un certain degré d’inventivité, une maîtrise du média où l’on sent que la personne a vraiment quelque chose d’intéressant à offrir. On essaie aussi d’éviter les choses qui sont trop promotionnelles. » Effectivement, les présentations ne sont pas là pour vendre. Le but de l’expérience n’est pas de promouvoir les services ou le dernier produit, mais plutôt d’expliquer la démarche et les questionnements qui ont mené à l’aboutissement de chaque idée. « On veut que les gens nous montrent leurs démarches créatives, qu’est-ce qui les inspire, qu’est-ce qui les fait triper, à quoi pensait-il quand ils ont inventé ce qu’ils font, les difficultés qu’ils ont dû surpasser […] Ce qui me fascine le plus, c’est surtout l’inattendu de voir quelqu’un qui réussit à pousser quelque chose plus loin que tu n’aurais pu l’imaginer.

Pecha Kucha se promène au gré du bruit des conversations, un concept bouche à oreilles, pur et simple, et extrêmement efficace. Ce nouveau canevas qu’est Pecha Kucha facilite les échanges entre créateurs et professionnels et devient une plate-forme unique pour développer des liens professionnels. C’est ce qui fait que sa popularité croît d’édition en édition. Lorsque Marc-André me partage qu’ils aimeraient développer une communauté du design à Montréal, je pense qu’il n’a pas idée à quel point l’objectif est déjà atteint.

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